Olympia (1863) de Édouard Manet est l'une des œuvres les plus provocantes et révolutionnaires de l'histoire de l'art. Ce tableau représente une femme nue, allongée sur un lit, regardant directement le spectateur avec un air détaché. Contrairement aux représentations classiques du nu féminin, souvent idéalisées, Olympia est présentée avec une franchise et une réalité crue qui ont choqué le public de l'époque.
Le modèle, identifiée comme Victorine Meurent, est représentée sans idéalisation, dans une pose qui évoque les vénus classiques, mais ici délibérément détournée. Sa nudité, combinée à son expression confiante et distante, suggère une femme qui est pleinement consciente de son pouvoir, ce qui était particulièrement audacieux à l’époque. Aux pieds d’Olympia, une servante noire lui présente un bouquet de fleurs, probablement un cadeau d'un admirateur, et un chat noir, symbole d'indépendance et de mystère, se trouve au bord du lit.
La lumière crue, le fond sombre, et le contraste entre la peau pâle d’Olympia et l'obscurité de l’arrière-plan accentuent le caractère direct et réaliste de la scène. Manet rompt ici avec la tradition académique en exposant une image de la féminité qui évoque plus la modernité et la confrontation que la soumission ou la sensualité idéalisée.
Olympia est bien plus qu’un nu : c’est un défi lancé aux conventions sociales et artistiques de l’époque. Manet réinvente le nu en introduisant une dimension psychologique et sociale, où le spectateur est invité à réfléchir sur les notions de regard, de pouvoir, et de sexualité. Cette œuvre continue de captiver par sa modernité et son audace.