Le Saint des Saints, c'est de moi dont il s'agit dans ce portrait (1940) de Francis Picabia est une œuvre audacieuse qui reflète son approche provocatrice et ironique de l'art. Ce portrait est bien plus qu'une simple représentation ; c'est une réflexion profonde sur l'identité, l'égo et la nature même de l'autoportrait. Avec son titre provocateur, Picabia se place lui-même au centre de la scène, jouant avec l'idée de l'artiste comme une figure presque divine, tout en se moquant de cette notion d'auto-célébration.
Le tableau ne représente pas un portrait traditionnel. Au lieu de cela, Picabia intègre des éléments abstraits, parfois mécaniques ou symboliques, pour évoquer une vision complexe et fragmentée de lui-même. Cette œuvre est typique de la période où Picabia explorait le mélange de réalisme, de surréalisme et d’éléments dadaïstes, intégrant souvent des contradictions visuelles et conceptuelles. Les références aux machines et à la mécanique, déjà présentes dans son œuvre précédente, sont ici mêlées à des touches plus symboliques et introspectives.
Avec Le Saint des Saints, Picabia questionne l'idée de l'autoportrait en tant que représentation fidèle de l'individu. Au lieu de cela, il propose une réflexion sur le narcissisme de l'artiste et la manière dont l'identité peut être à la fois exaltée et déconstruite. Cette œuvre, à la fois ludique et philosophique, invite le spectateur à réfléchir sur la figure de l'artiste et le rôle de l'égo dans la création artistique.