« La Médecine » de Gustav Klimt est l’une des œuvres les plus audacieuses et controversées de l’artiste autrichien. Réalisée entre 1900 et 1907, cette peinture monumentale faisait partie des « Peintures des Facultés », une commande de l’Université de Vienne visant à orner le plafond du grand hall de l’établissement.
Une allégorie puissante de la condition humaine
Au cœur de la composition, une colonne de corps nus symbolise le fleuve de la vie, représentant le cycle inéluctable de la naissance à la mort. Parmi ces figures, un squelette incarne la mort, tandis qu’une femme nue flottant dans l’espace, accompagnée d’un nouveau-né à ses pieds, représente la vie. Ces éléments sont reliés par des bras tendus, créant une connexion entre la vie et la mort .
Au bas de la toile, Hygie, déesse grecque de la santé, est représentée avec une robe rouge ornée de motifs dorés. Elle tient une coupe de laquelle s’abreuve un serpent, symbole de la médecine. Cependant, son regard détourné et son attitude distante suggèrent une médecine impuissante face aux forces naturelles de la vie et de la mort .
Une œuvre au cœur de la controverse
Lors de sa présentation en 1901 à la dixième exposition de la Sécession viennoise, « La Médecine » provoqua un scandale majeur. Les critiques reprochèrent à Klimt la nudité explicite de ses figures et l’absence de glorification de la médecine. Au lieu de célébrer les avancées médicales, l’œuvre mettait en lumière la vulnérabilité humaine et l’inévitabilité de la mort.
Face à ces critiques, l’Université de Vienne refusa d’installer la peinture dans son hall, et Klimt fut contraint de racheter son œuvre. Avec l’aide de ses mécènes, il récupéra également les deux autres toiles du cycle, « La Philosophie » et « La Jurisprudence » .
Une perte irréparable
En 1938, lors de l’annexion de l’Autriche par l’Allemagne nazie, « La Médecine » fut confisquée par les nazis. En 1945, alors qu’elle était entreposée au château d’Immendorf, l’œuvre fut détruite dans un incendie provoqué par les troupes SS en retraite. Aujourd’hui, il ne subsiste que des photographies en noir et blanc et des esquisses préparatoires de cette œuvre majeure.
Une réflexion profonde sur la médecine
« La Médecine » ne se contente pas de représenter la discipline médicale ; elle interroge son essence même. En mettant en scène la vie, la mort et la guérison, Klimt propose une vision où la médecine est confrontée à ses limites face aux forces naturelles. Cette œuvre incite à une réflexion sur la condition humaine et le rôle de la science dans notre compréhension de la vie et de la mort .
Bien que disparue, « La Médecine » demeure une œuvre emblématique de Gustav Klimt, témoignant de son audace artistique et de sa capacité à susciter le débat. Elle continue d’inspirer et de questionner, rappelant l’importance de l’art dans notre exploration des grandes questions existentielles.